21 February 2016

Réflexion sur ma frustration

Ce matin, j'avais un plan. Ma journée était organisée, mes tâches du dimanche accomplies. J'étais prête. Oui, mais...mon plan est tombé à l'eau. La déception attaque alors ma bonne humeur déchirant ma joie, morceau par morceau. Décidée à ne pas me laisser abattre, je produis un plan B. Seulement, je n'y met pas du cœur et mon plan de secours devient une opération catastrophe. Retour à la case départ ? Non, me voilà au pays de la frustration, la déception, et l'ennui.
La question qui me fait poser ces lignes tardive est : pourquoi ? Ça n'est pas ma faute si un imprévu a détruit plan A. J'aurais pu, dû me dire, «ok , plan A tombe à l'eau, rien que je puisse faire. Par contre, je peux reprendre le contrôle de ma journée, en commençant par plan B ». Mais non. Mon humeur dépérit et avec ça l’effort mis dans plan numéro 2. Au lieu d'être salvateur, plan numéro 2 devient vexant. Le reste de la journée évolue lentement entre ennui, déception, et générale manque de motivation. Je cherche vaguement quoi faire de mon temps, rien de vient. Je me pose bêtement dans le canapé sans y trouver satisfaction. Il me faudra plusieurs heures pour retrouver l' humeur du matin.
Les divers sites de psychologie de base trouvée sur internet indiquent la même chose : J'aime le contrôle et quand je perds le contrôle, je tombe dans la frustration. Ok, jusque là, on est accord et ça a du sens. Même moi j'avais compris ça. Dire que je n'aime pas le contrôle reviendrait à dire que les français n'aiment pas les croissants. Cependant, je reconnais que je ne peux pas tout contrôler et surtout pas des événements hors de ma portée. Alors pourquoi ai-je tant de mal à accepter cette situation ? Pour être précise, mon raisonnement échoue à comprendre ma réaction dans l'espace temps entre plan A et B. Plan A échoue. Je suis frustrée, ok, c'est normal. Comme je ne contrôle pas cet événement, je ne peux que l'accepter. J'acquiesce et je passe à plan B. Et là, échec sourd et cinglant. Échec car je ne suis pas dans ce que je fais, mon attitude se reflète dans mon action, et je n'arrive pas où je voudrais être. Frustrée, j’abandonne. Pourquoi ne comprends-je pas que la faillite de plan A ne dépend pas de moi alors que le succès de plan B, si. Pourquoi laisser mon premier échec ruiner la réussite de mon deuxième essai. Je cherche des raisons a une attitude aussi irrationnelle mais je ne vois pas. Ma logique crie « passe à autre chose, ça tu le contrôle » mais mon esprit refuse de reprendre les rennes. A moins que je ne sache pas reprendre les rennes ? Je veux tourner le volant mais je suis assise à l’arrière, les bras trop courts.
Lors de mon voyage en Australie, je fus étonnée par la différence d'attitude générale entre Australiens et Français. Les premiers semble former une nation entière de gens capable de comprendre que les aléas de la vie ne sont que ça. Les seconds semblent programmés à courir vainement après ce qu'ils ont inévitablement perdus. Dans le mien, je suis au sommet des accrochés. Ceux qui pendouille désespérément au bout de leur frustration, incapable de voir le gouffre se creuser et attraper un autre branche. Le plus étrange dans l'histoire, c'est que dans mon boulot, je passe mon temps à sauter de branche en branche. Mon boulot consiste à surpasser les imprévus, ne pas se laisse abattre et avancer, avancer, avancer. Et je suis bonne à ce que je fais (j'ai d'autres traits psychologiques négatifs qui se réveillent au travail, mais ça sera une autre note).
J'imagine la scène dans mon cerveau: 17h30, l'ordre sonne : «les rebondisseurs, on coupe tout, les accrocheurs prennent le relais ».  Un switch off de ma logique de la journée. Soir et weekend, chaque imprévu me frustre et m'abat alors qu'au travail la frustration se transforme en énergie et devient mon arme de guerre. Peut-être simplement, à la fin de la journée, je n'ai plus l’énergie de me battre. Je laisse la vie poser son empreinte, tantôt bonne, tantôt mauvaise, sans broncher.

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