-"Ok, repasses dès que tu peux, ça n'est que partie remise" je la rassure. Espérant que nous ferons honneur à notre annuelle retrouvaille autour d'un café.
Avec un léger sourire elle s'éloigne et monte dans sa petite voiture grise garée à quelques mètres de là. Je me retourne, prête à traverser la cour pour rejoindre la douce chaleur du feu qui brule dans la cheminée du salon.
C'est alors que je remarque trois jeunes inconnus prêts à rejoindre la terrasse surélevée. Je m'avance rapidement pour les devancer et leur barrer l'entrée de la maison.
-"On est venu en tout amitié, voir, comme ça.." répond nonchalamment un brun dont le sourire bien tracé n'a rien de naturel.
-"Et bien si vous voulez qu'on soit amis, commencez par sortir de chez moi" je les somme. L’autre garçon et la jeune fille qui se tiennent en arrière me fixent avec le même sourire nauséabond.
-"Ah non, ça ne va pas être possible, je n’ai pas envie" ajoute-t-il sur le même ton olympien. Je m'apprête à me lancer dans un discours hurlant sur le respect de la propriété quand je me rends compte que la cour s'est transformée en parc public. Ça n'est plus trois mais une trentaine d'intrus qui foulent l'herbe verte du jardin familiale.
Pas question de les laisser entrer, je suis droite comme un fusil dans mes bottes, prête à dégainer toutes les armes que mon corps et mon intellect me procurent.
Je ne vois pas le premier coup arriver. C'est par le côté qu'un garçon me frappe. La douleur est vive dans mes côtes mais j'ai connu pire. Je serre les dents et les montre.
Quelque chose bouge à la fenêtre du voisin. Ou plutôt quelqu'un. Dans le contour de briques rouges, ma mère, confortablement assise, une tasse de café à la main. Le profil pâle de ma voisine lui fait face, toutes deux sont en pleine conversation et ne remarquent pas ce qui se passe de l'autre côté de la rue, trois mètres plus bas.
-"Maaaammmmmaaaaaannnnnn" je me mets à hurler, "Maaaammmmaaaaan, APPELLES LA POLICE". Je fixe désespérément la façade blanche. Il faut plusieurs secondes avant que ma mère m'entende. Secondes qui suffiront à mes agresseurs pour me maitriser. A deux, ils me tiennent pieds et poings liés. Je garde les yeux sur ma mère qui me sourit. "Oh non c'est pas vrai". Je n'y crois pas. Elle pense que je m'amuse avec des amis et ne prête guère plus attention.
Lorsque mes agresseurs commencent à me déshabiller, elle s'est déjà retournée.
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