Sans attendre,
je me tourne vers les quatre parents:
- "C'est
le moment de foncer, partez!". Vanessa ôte les casques des garçons.
Marc et Sylvia passent les premiers. La barrière est haute mais pas
insurmontable pour des adultes. Thierry leur passe les deux garçons puis aide
Vanessa. Une fois de l’autre côté, ils nous lancent un regard complice et
s'enfoncent dans les buissons. La nuit est déjà tombée. Leurs corps
disparaissent en quelques secondes.
Sophie court
dans la cuisine prendre le couteau que Marc serrait quelques minutes plus tôt.
C'est comme si ils n'avaient jamais été là.
Verre brisé |
Frank est
toujours dans l'encadrement de la porte. Je la repousse violemment. Il vacille
et cette fois lâche son arme. Ca me laisse le temps de rejoindre Sophie
derrière le bar.
-"On va
sortir. Ici on est en infériorité numérique mais pas dehors"
chuchote-t-elle.
-"Qu'est-ce
que tu veux dire? Il n'y a pas de flics ici".
-"Regardes
dehors, je ne parle pas des flics" lance-t-elle avec un étrange
sourire. Je plonge mes yeux dans la nuit noire et comprends son allusion. Comme
chaque soir, ils sont là. Et ce soir, nous serons tous du même côté de la
barrière.
-"Le
temps qu'on saute, il va nous tirer dessus" je pointe.
-"Dans
tous les cas, il le fera" elle tire un deuxième couteau et le jette
sur Frank qui vient de se relever. Il frôle son bras mais ne le blesse pas. Alors
qu’il se penche pour ramasser son arme je passe les portes vitrées et m'élance
par-dessus la barrière. Lorsque mon pied se pose au sol, une douleur cinglante me traverse.
Je crois à une mauvaise réception. Quand je pose les yeux sur mon pied
ensanglanté, je comprends qu'il m'a tiré dessus. J'ai
du mal à me relever et perds beaucoup de sang. De son côté, Sophie s'apprête
à faire son 2ème lancer de couteau. Il
se plante dans le bras gauche de Frank qui hurle de colère. A son tour, elle
profite de ces quelques secondes d'inattention pour franchir la barrière.
-"Tu
les as vu ?" me demande-t-elle essoufflée allongée à mes côtés. J'ai du mal à me concentrer mais réponds automatiquement,
-"oui, là
à droite". J'entends leur râle. Je regarde autour de moi à la recherche d'un abri.
Il y a une bouche d’écoulement des eaux, je m'y glisse. "Tu restes là,
je m'en occupe" assures Sophie.
Frank passes à
son tour par-dessus la barrière. Sa blessure le ralentit. Sitôt sur ses pieds
il tire son arme de son pantalon mais il n'a pas le temps d'enlever la sécurité
que Sophie est sur lui. Elle le roue de coups comme un âne déchainé. Elle
manque de technique mais sa méthode est efficace. Frank, qui n'avait pas repris
ses esprits est bombardé. Il tombe à terre. Sophie remonte la barrière et
retourne s'enfermer dans l'appartement. Frank commence à se relever. C'est
maintenant ou jamais.
Leur râle
devient de plus en plus fort. Ils arrivent. C'est leur territoire, le bruit et
l'odeur du sang ont dû les énerver. Avec son bras et son pied blessés, Frank a
du mal à se redresser. Il n'en a pas le temps. En quelques secondes, la plus
grosse laie du groupe fonce sur lui. Les 60kg de muscles lui broient les os. Frank
hurle de douleur. Il cherche à ramper mais le groupe ne lui en laisse pas le
temps. Les petits commencent à se nourrir de ses plaies alors que leurs mères
finissent de le piétiner. C'est sans voix que
nous assistons au spectacle horrifique. Le tueur meurt en quelques minutes. Sous la charge des sangliers.