Les sangliers - 1ère partie
Etre coincé dans les
embouteillages c'est énervant. Surtout au milieu d'une forêt. Sophie tape
nerveusement sur la commande de l'autoradio en sermonnant “blablablabablabla
jouez moi un truc bien au lieu de parler”. Après avoir mis presque 40min pour
faire 15km, elle tourne à droite au feu, abandonnant enfin le gros du flot qui
continue tout droit. Le compteur monte mais ne dépasse pas la limitation. Ce
n'est pas les flics qui l'inquiètent mais les sangliers. Ils sont des centaines
à habiter ce parc naturel. Entre son coupé et l'animal, elle sait bien lequel
gagnerait au combat.
Un coup d'œil dans le rétro et elle engage sa voiture dans le sous-sol,
s'engouffrant dans le sombre tunnel. Apres plusieurs centaines de mètre, elle
arrive enfin devant son parking. Pas un bruit. Elle sort et ouvre la porte du garage. Les néons
clignotent puis s'allument. L'endroit n'est pas plus rassurant baignant dans
une lumière blafarde mais Sophie a l'habitude. Comme chaque jour, elle éteint
le moteur, referme le garage puis prend le couloir sans même allumer la lumière.
Elle monte un étage et glisse sa clef dans la vieille porte en bois brun.
Lorsqu'elle s'ouvre, une figure difforme lui fait face. Son cœur s'arrête. Elle
ne reconnait pas les yeux verts, le nez fin, les cheveux blonds et courts
entourant un visage rond. Ses lèvres fines se détendent vite. Ca n'est que son
reflet dans la fenêtre de la cuisine. Amusée par cette fausse peur elle pose
son sac sur la commode en pin qui orne l'entrée. A côté trône une note : “Courrier”. Une lettre importante doit
arriver. Elle empoche ses clefs et ressort. A sa droite la lumière indiquant l'ascenseur
clignote. Elle l'ignore et reprend l'escalier. Elle se motive en se disant que
chaque effort est bon pour sa ligne. L'été arrive, elle compte bien rentrer
dans le petit bikini rouge qu'elle vient d'acheter dans une boutique à la mode.
La porte s'ouvre sur le grand
hall d'entrée. Les murs sont ornés de poutres ocre. Sur l'une d'elles sont
alignées de petites boites aux lettres. Mais Sophie reste immobile, le parquet
est taché.
Son regard glisse de la mare de
sang jusqu'au corps de l'enfant allongé devant elle. Elle a déjà croisé le
petit garçon aux cheveux bouclés. Elle sait que les deux corps à côté de lui
sont ceux de sa sœur et sa mère. Deux sacs de courses sont éparpillés au sol.
Sophie comprend vite que la jeune famille a été abattue alors qu'elle rentrait
dans l'immeuble. Elle se demande ce que ça veut dire ; fait un pas vers la
sortie lorsqu'un coup de feu retentit. La porte de l'appartement de gauche
s'ouvre lourdement, un faisceau de lumière perce le hall. La jeune fille se
mort la lèvre pour ne pas crier puis fait un pas en arrière pour redisparaître
dans les escaliers.
A suivre...
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