Ce matin, j'avais un plan. Ma journée
était organisée, mes tâches du dimanche accomplies. J'étais prête. Oui, mais...mon plan est tombé à l'eau. La
déception attaque alors ma bonne humeur déchirant ma joie, morceau
par morceau. Décidée à ne pas me laisser abattre, je produis un
plan B. Seulement, je n'y met pas du cœur et mon plan de secours
devient une opération catastrophe. Retour à la case départ ?
Non, me voilà au pays de la frustration, la déception, et l'ennui.
La question qui me fait poser ces
lignes tardive est : pourquoi ? Ça n'est pas ma faute si
un imprévu a détruit plan A. J'aurais pu, dû me dire, «ok ,
plan A tombe à l'eau, rien que je puisse faire. Par contre, je peux
reprendre le contrôle de ma journée, en commençant par plan B ».
Mais non. Mon humeur dépérit et avec ça l’effort mis dans plan
numéro 2. Au lieu d'être salvateur, plan numéro 2 devient vexant.
Le reste de la journée évolue lentement entre ennui, déception, et
générale manque de motivation. Je cherche vaguement quoi faire de
mon temps, rien de vient. Je me pose bêtement dans le canapé sans y
trouver satisfaction. Il me faudra plusieurs heures pour retrouver l'
humeur du matin.
Les divers sites de psychologie de base
trouvée sur internet indiquent la même chose : J'aime le
contrôle et quand je perds le contrôle, je tombe dans la
frustration. Ok, jusque là, on est accord et ça a du sens. Même
moi j'avais compris ça. Dire que je n'aime pas le contrôle
reviendrait à dire que les français n'aiment pas les croissants.
Cependant, je reconnais que je ne peux pas tout contrôler et surtout
pas des événements hors de ma portée. Alors pourquoi ai-je tant de
mal à accepter cette situation ? Pour être précise, mon
raisonnement échoue à comprendre ma réaction dans l'espace temps
entre plan A et B. Plan A échoue. Je suis frustrée, ok, c'est
normal. Comme je ne contrôle pas cet événement, je ne peux que
l'accepter. J'acquiesce et je passe à plan B. Et là, échec sourd
et cinglant. Échec car je ne suis pas dans ce que je fais, mon
attitude se reflète dans mon action, et je n'arrive pas où je
voudrais être. Frustrée, j’abandonne. Pourquoi ne comprends-je
pas que la faillite de plan A ne dépend pas de moi alors que le
succès de plan B, si. Pourquoi laisser mon premier échec ruiner la
réussite de mon deuxième essai. Je cherche des raisons a une
attitude aussi irrationnelle mais je ne vois pas. Ma logique crie
« passe à autre chose, ça tu le contrôle » mais
mon esprit refuse de reprendre les rennes. A moins que je ne sache pas reprendre les rennes ? Je veux tourner le volant mais
je suis assise à l’arrière, les bras trop courts.
Lors de mon voyage en Australie, je fus étonnée par la
différence d'attitude générale entre Australiens et Français. Les premiers semble former une nation entière de gens capable de comprendre que les aléas de la vie ne sont que ça. Les
seconds semblent programmés à courir vainement après ce qu'ils ont
inévitablement perdus. Dans le mien, je
suis au sommet des accrochés. Ceux qui pendouille désespérément
au bout de leur frustration, incapable de voir le gouffre se creuser
et attraper un autre branche. Le plus étrange dans l'histoire, c'est
que dans mon boulot, je passe mon temps à sauter de branche en
branche. Mon boulot consiste à surpasser les imprévus, ne
pas se laisse abattre et avancer, avancer, avancer. Et je suis bonne à
ce que je fais (j'ai d'autres traits psychologiques négatifs qui se
réveillent au travail, mais ça sera une autre note).
J'imagine la scène dans mon cerveau: 17h30, l'ordre sonne : «les rebondisseurs, on coupe tout, les accrocheurs prennent le relais ». Un switch off de ma logique de la journée. Soir et weekend, chaque imprévu me frustre et m'abat alors qu'au travail la frustration se transforme en énergie et devient mon arme de guerre. Peut-être simplement, à la fin de la journée, je n'ai plus l’énergie de me battre. Je laisse la vie poser son empreinte, tantôt bonne, tantôt mauvaise, sans broncher.
J'imagine la scène dans mon cerveau: 17h30, l'ordre sonne : «les rebondisseurs, on coupe tout, les accrocheurs prennent le relais ». Un switch off de ma logique de la journée. Soir et weekend, chaque imprévu me frustre et m'abat alors qu'au travail la frustration se transforme en énergie et devient mon arme de guerre. Peut-être simplement, à la fin de la journée, je n'ai plus l’énergie de me battre. Je laisse la vie poser son empreinte, tantôt bonne, tantôt mauvaise, sans broncher.